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Hommage à Raymond Normand le 17/04/2010

HOMMAGE A RAYMOND NORMAND le 17/04/2010.

C’est un grand jour pour notre Association qui est heureuse et fière de voir notre ami Raymond enfin reconnu pour son immense talent. Un grand merci à M. le maire de Ventabren, à Mme Oskanian, à M. Dantin et à toute l’équipe municipale d’avoir organisé avec cœur cette magnifique exposition dans le cadre prestigieux du Moulin de la Recense. Nous avons participé de notre mieux à cette manifestation en mettant à la disposition de la mairie de Ventabren un site internet riche non seulement de plus de 400 photos d’œuvres qui passeront en boucle à l’entrée de l’exposition à partir de demain, mais encore d’une biographie, de lettres de l’artiste, de photos de son environnement, de ses parents et de ses amis ainsi que de diverses publications le concernant (articles de presse, textes littéraires…). Nous avons contacté la mairie d’Auby qui ignorait qu’elle comptait un grand peintre parmi ses enfants. Nous avons lancé de nombreuses invitations à cette exposition. Et je suis heureux de saluer des adhérents de notre Association venus du Vaucluse, des Alpes-Maritimes, de Haute-Savoie, de Lyon qui sont ici ce soir ainsi que le webmaster de notre site internet fraîchement arrivé de Paris.

Rien ne me paraît mieux correspondre à la conception de la finalité de l’art selon Raymond Normand que l’extrait de cette lettre que Gustave Flaubert adressa en 1852 à l’auteur doré sur tranche Maxime Du Camp, futur académicien :  » Etre connu n’est pas ma principale affaire, cela ne satisfait entièrement que de très médiocres vanités. […] La célébrité la plus complète ne vous assouvit point et l’on meurt presque toujours dans l’incertitude de son propre nom, à moins d’être un sot. […] Je vise à mieux : à me plaire. […] Que je crève comme un chien plutôt que de hâter d’une seconde une phrase qui n’est pas mûre. » Raymond Normand, l’ermite de Ventabren, aurait pu reprendre presque mot pour mot cette profession de foi de l’ermite de Croisset. L’un a passé sa vie à hurler dans son « gueuloir » chacune des phrases de ses chefs-d’œuvre, tandis que l’autre n’a cessé de retoucher chacune de ses peintures.

Les amis de Raymond Normand peuvent attester l’avoir entendu dire qu’il peignait d’abord pour lui-même et qu’il n’était heureux que les pinceaux à la main, oubliant ainsi le temps et la vie qui passaient. Raymond fut un homme libre qui n’a jamais cessé d’exprimer sa liberté comme un défi. Défi vis-à-vis de l’argent qui l’amena à vivre, en dépit de son médiocre état de santé, sans le moindre confort, au milieu de ses oliviers qu’il peignit avec tant de bonheur. Défi vis-à-vis des honneurs et de la célébrité qui l’amena à refuser entre autres une exposition que le sculpteur César, son ami, lui avait proposé d’organiser à Paris. Défi enfin vis-à-vis de la postmodernité qui le conduisit à persister à peindre en totale contradiction avec le goût du jour.

On l’aura compris, notre ami Raymond était un marginal égaré dans une société de consommation dont il profitait si peu. Guidés par leur instinct, bien des soixante-huitards trouvèrent d’eux-mêmes le chemin du Trou du Loup où les attendait leur frère en marginalité. C’était un homme d’un autre temps ou de toujours. Son esprit vif et malicieux faisait oublier qu’il ne cessait de faire des pieds de nez à la conformité ambiante. J’ignore si, au paradis des artistes, saint Pierre lui fait défiler sur grand écran plasma le film de l’hommage mérité qui lui est rendu aujourd’hui, mais je suis sûr qu’il doit bien rire face contre terre s’il voit le faste de cette célébration. Et, si le Bon Dieu est tant soit peu amateur d’art, au firmament tu lui plais sûrement, l’ami Raymond.

© François Dijoux.